Un entretien très intéressant de Jean-Léon Beauvois, réalisé par le site "Lazarus Mirages".
En liant libéralisme, consumérisme, individualisme et manipulation des
masses, cet enseignant-chercheur en psychologie sociale livre une
analyse qui recoupe celle d'un Jean-Claude Michéa.
Cette analyse, qui pousse Jean-Léon Beauvois à utiliser un oxymore ("démocratie totalitaire")
pour caractériser les sociétés contemporaines de soumission
généralisée, ne doit-elle pas nous conforter dans l’idée qu’il n’y a
justement aucun sens à parler de démocratie aujourd’hui, puisque ce mot
est tout de même censé signifier "pouvoir du peuple" ? Si un régime dans
lequel les individus se refusent à l’exercice du pouvoir, s’organise
autour de la seule procédure élective, celle-ci ne doit-elle pas être
considérée comme un profond leurre et le moyen même de nous tenir à
l’écart du pouvoir ?
Nous avons là affaire à une ingénierie sociale qui est certes
poussée à son paroxysme depuis la mutation du capitalisme au cours des
années 1970-80, mais qui était en germe depuis le début dans les
institutions politiques du gouvernement représentatif (régime conçu
comme radicalement opposé à la démocratie, avant que la confusion ne s’opère au cours du XIXème siècle). C’est ce qu’explique très bien cet article de
Pascale Pasquino sur la théorie de l’abbé Sieyès, penseur majeur de
notre système politique durant la Révolution, qui voyait l’institution
de la représentation politique comme le meilleur moyen de garantir le
simple rang de producteurs-consommateurs aux individus, et de les garder
éloignés de l’exercice du pouvoir, réservé à une caste bien précise. On
entrevoit alors que gouvernement représentatif et capitalisme forment
un bloc cohérent, pensés pour se nourrir mutuellement.
Voici la première partie de l’entretien de Jean-Léon Beauvois :
source : Agoravox.tv
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